Interview de Laurine PRUNIER - Brand Designer Freelance

Pourquoi aviez-vous choisi l’ISCOM ?
Alors en terminale scientifique, je suis décidée à devenir chirurgien-dentiste (spoiler : ce ne sera donc absolument pas le cas). Je me rends cependant bien compte que cela ne me plaît pas, je ne m’y retrouve pas, et mes moyennes scientifiques non plus. Alors je me renseigne un peu autour de moi, et pendant ce temps je lâche presque complètement l’école. Mon père est directeur artistique et travaille à la maison depuis que je suis petite. Un jour, je me suis installée derrière son bureau et je l’ai regardé travailler. Je l’ai regardé réfléchir à des concepts, dessiner des logos ou se prendre la tête sur inDesign. J’ai adoré ça, et j’ai su. À cinq mois du bac, j’ai cherché une école. Une école de communication, pas d’art ou de graphisme. Parce que je voulais une apprendre à communiquer, par le visuel et par les mots : ne pas faire du beau pour faire du beau.
L’avantage que proposait l’ISCOM, c’était les deux premières années en socle commun. J’allais pouvoir découvrir différents aspects de la communication, et si la création ne me plaisait pas, j’avais d’autres possibilités sans même changer d’école. Alors j’ai passé le concours, et l’ai obtenu. Le bac, un peu moins. Il aura fallu que j’attende un an pour repasser et le concours, et le bac, et enfin faire ce qui me plaisait vraiment.
Quels souvenirs marquants gardez-vous de votre passage ici ?
Les rencontres avant tout, amicales comme professionnelles. Et les intervenant.es d’un jour, venu.es partager leurs expériences avec une vraie générosité, et toujours beaucoup d’écoute.
Leurs conseils, parfois un peu flous sur le coup et restés dans un coin de la tête, finissent par résonner fort des années plus tard.
Quelles compétences (techniques, humaines, etc.) y avez-vous le plus développées ?
Hmm… je dirais l’adaptabilité et la prise de confiance. Notamment grâce aux travaux de groupe. On apprend à travailler avec des personnalités différentes, chacune avec leurs forces. Au fur et à mesure des années, les rôles se dessinaient naturellement selon les spécialisations de chacun.e., mais on pouvait être chef.fe de projet, et la fois d’après DA ! C’est ce qui nous a permis d’explorer différentes façons de travailler, de réfléchir et ainsi de nous découvrir nous-mêmes. Les challenges m’ont appris à m’adapter à des briefs, des clients, à accepter de ne pas toujours faire ce que l’on aimerait, sans pour autant proposer quelque chose de nul. J’ai aussi appris à m’affirmer. En arrivant à l’ISCOM, j’étais terrifiée à l’idée de passer à l’oral devant une classe, et encore plus un jury. J’avais les mains moites, je bégayais, et je ne pensais qu’au regard des autres. Petit à petit, j’ai pris confiance. J’ai compris que si je ne croyais pas moi-même à ce que je racontais, les personnes face à moi non plus. D’années en années j’ai trouvé ma « patte », j’ai relativisé, et les oraux sont - presque- devenus ma partie préférée.
Y a-t-il un projet, un cours ou un professeur qui vous a particulièrement marqué ?
Il y en a beaucoup, c’est vraiment dur de choisir ! Mais je dirais les cours de Print-édition, avec Antoine du Payrat pendant le Covid. Nous étions confiné.e.s, et les premiers cours en visio étaient assez particuliers… il fallait rester concentré.e, réussir à garder sa motivation, et travailler. Il a su nous intéresser, nous proposer des projets qui nous ont permis de découvrir notre identité visuelle, nos forces et nos faiblesses, et de travailler dessus. Et tout ça à distance ! Il fallait le convaincre de notre choix de papier, sans pouvoir l’avoir en main, d’être en contact avec un imprimeur, sans pouvoir aller sur place, et de présenter nos projets devant les autres en visio, sans les voir ou les entendre (et c’est pire qu’en présentiel honnêtement). Par exemple, nous avions dû réaliser une carte de vœux, et c’était plutôt compliqué de souhaiter une bonne année dans un contexte comme celui-ci. Mais nous l’avons tou.te.s fait, et nous l’avons surtout fabriquée ! Nous lui avions envoyé par La Poste, et le jour du rendu il ouvrait nos enveloppes en visio, c’était génial. J’avais choisi de faire un fortune cookie en kit, en envoyant avec la carte les sachets de farine et de sucre. Heureusement, aucun ne s’est ouvert pendant le trajet !
Quel a été votre premier emploi après l’obtention du diplôme ?
Précisément Chargée de production visuelle & print chez VEJA. Au même endroit que mon stage de six mois, puis de mon alternance ! J’avais été prise en stage chez eux, puis ils m’ont gardée en alternance, et enfin en CDI.
Quel est votre parcours professionnel depuis la fin de vos études ?
J’ai été Chargée de production visuelle & print pendant presque un an. Je m’occupais principalement des lancements de collab’, du shoot jusqu’à l’identité visuelle de l’évènement et des vitrines, en collaboration avec la scénographie. Puis toujours chez VEJA, je suis passée Brand Designer. Je me consacrais uniquement à l’identité visuelle des lancements (catalogues, dossiers de presse, évènement, vitrines, etc.). À l’automne 2023, j’ai quitté VEJA pour me retrouver. Après quelques mois de pause, j’ai décidé de me lancer en free-lance : je suis maintenant brand designer et j’accompagne les marques dans la création, l'expression ou la refonte de leur univers visuel.
En quoi la formation reçue vous a-t-elle préparé à votre vie professionnelle ?
Les stages dès la première année ont été pour moi la partie la plus formatrice. En ajoutant à cela les nombreux challenges et travaux de groupe, être en contact avec le « concret » aussi vite et chaque année, m’a permis de découvrir les métiers de la création, de cibler mes intérêts, et d’apprendre surtout beaucoup plus vite et plus qu’avec seulement un enseignement théorique.
Avez-vous eu des opportunités grâce au réseau ISCOM (stages, emploi, contacts, etc.) ?
Antoine du Payrat m’a contacté à plusieurs reprises pour être jury sur les projets print de ses classes 4e et 5e années, et passer de ce côté est extrêmement enrichissant et formateur.
Avec le recul, que diriez-vous à un étudiant qui envisage de nous rejoindre ?
Vas-y. Je lui dirais d’y aller en étant curieux, ouvert, et sincère. Il y a tellement de projets, d’expériences à vivre et de rencontres à faire. Ce n’est pas grave si tu ne sais pas encore exactement ce que tu veux faire. Ce qui compte c’est d’avoir envie d’apprendre, et de se créer son propre parcours. Et surtout : on n’est jamais « trop sensible » ou « trop extraverti » pour travailler dans la com’. Il y a de la place pour tout le monde.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants actuels pour bien tirer parti de leur formation ?
En 2e année, on m’a dit « sois une éponge ». Loin de moi l’idée de devenir un hérisson, cela fait partie des conseils entendus que l’on comprend bien plus tard. Imprégnez-vous de tout ce que vous pourrez apprendre ou découvrir. Ne vous contentez pas des cours donnés, allez plus loin.
Faites des expos, sur des sujets que vous connaissez ou non, abonnez-vous à des newsletters, imaginez de faux projets, écoutez des podcasts. Ce que l’on appelle école supérieure est en fin de compte le début de votre chemin professionnel, vous y construisez les fondations en choisissant vos stages, en travaillant sur vos compétences. Ce n’est pas juste une école avec un bulletin à la fin. C’est bien plus que ça.
Quels sont, selon vous, les atouts majeurs de l’ISCOM par rapport à d’autres ?
Il y en a plusieurs. L’ISCOM offre une vraie immersion dans le monde de la com’, à travers les stages, les intervenants ou encore les cours proposés - et tout cela dans un environnement humain et bienveillant. On nous pousse à nous découvrir professionnellement, à oser, à affirmer nos envies. Il y a de la place pour toutes les personnalités. Ce n’est pas une école où l’on cherche à faire entrer tout le monde dans un moule, mais plutôt à créer le sien. Et puis, la diversité des spécialisations nous ouvre à plein de domaines différents, ce qui aide chaque étudiant à comprendre ce qui lui plaît vraiment.
Une anecdote amusante ou inspirante à partager ?
Il y en a plein, c’est super dur de choisir ! Je pourrais évoquer mon éternelle procrastination sur -quasi- tous mes projets, me faisant terminer mes slides approximativement cinq minutes avant l’oral, avec la jambe qui trépigne. À chaque fois, je me promettais que c’était la dernière (ça ne l’était pas, j’ai écrit mon mémoire de 5e année une semaine avant le rendu final -ne faites pas ça-).
Mais je crois que l’un des projets qui m’a le plus marquée, c’était une campagne contre le cyberharcèlement qu’on a réalisée en groupe. J’étais conceptrice-rédactrice, et c’était un sujet fort, un peu douloureux, mais nécessaire. J’ai mis tout mon cœur dans le texte. On est arrivés deuxièmes, mais ce que j’ai retenu, ce sont les mots du jury : « si tu ne fais pas de l’écriture ton métier, tu rates quelque chose ». Durant toute ma scolarité à l’ISCOM, j’ai hésité entre choisir l’écriture, ou choisir le design graphique. Je m’étais enfin « décidée », choisissant le design, et cette phrase a eu un certain impact. J’ai réalisé à quel point j’aimais écrire, à quel point je ne pouvais finalement pas m’en passer. Et j’ai compris que rien ne m’interdisait de faire les deux. Je pense que c’est ce moment qui m’a montré que la communication, ce n’était pas seulement créer du beau, mais dire des choses vraies, avec du sens. Même quand ça secoue un peu
